Suppléments d'âme & Bouts d'humanité

fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Deux Ponts et l’Aven… ture

La ville est bourgeoise, massive, à flanc de coteaux. Nuls colombages dans ces maisons de pierre qui jalonnent le cour dont la ville porte le nom.

Comme sorties du sous-sol, accrochée, indomptables, les masures rugueuses nous regardent arpenter les petites ruelles gorgées des aoutiens en quête de confiseries.

Pont-aven se dévoile en arrière cour, dans une promenade plantée rigolant sur ses eaux.

L’aven grossit soudain et devient un port, une rivière immense qu’une promenade borde de vieux chênes centenaires à l’écorce décharnée, torturée comme sculptée. Le temps à laissé là ces vieux arbres dégénérés, patriarches que veille un parterre de rochers.

Au soleil couchant…

Se laisser transporter par la radiance des cieux. Doux rayons qui s’évanouissent dans les terres, dans la mer et embrasent sur leur passage paysages et nuages.

Le granit est à nu, les pompons dansent au vent, petit air d’embruns sur un ciel mordoré. L’heure est à se poser et regarder face à face le bel astre s’éteindre et brûler de ses feux et nos yeux et les cieux.

Rester là jusqu’à l’ombre, jusqu’au souffle gelé d’un zéphyr esseulé. Frissonner et partir, abandonner le rocher où on s’était fixé et repartir dans le soir les yeux encore brumeux du souvenir bleuit d’un ami disparu.

à mon ami Barry

La Paix Saint Maurice

Quel calme, quelle paix que ce bout d’Abbaye à l’histoire effacée…

Sous les frontons des tilleuls, sous le regarde acide des pommiers rustiques, dans ces ruines de granit. On y resterait bien à regarder la nature, à ressentir le temps qui file doucement entre nos doigts, à travers les feuilles.

Là-haut le vent s’engouffre dedans des arbres centenaires, joue dans leurs frondaisons, en ploie les cimes immenses et nous toise du haut des faites, fourmis affolées devant l’éternité.

Être là, se sentir petit, tout petit, écrasé par l’histoire, enseveli sous la pierre et se sentir en paix, se sentir juste là, juste comme cela, sans autre raison que celle de respirer, de voir, de contempler…

Tous les frondaisons des tilleuls, la brise sur la peau, le soleil sous les nuages, la Laïta devant soi…

Quimperlé au Soleil

L’église en granit au milieu de la place, la Bretagne nous accueille, nous dévoile ses ruelles, ses mystères, ses belles pierres.

Perrons de granit qui s’enfonce dans l’eau brune, allées de verdures qui serpentent le long du cours, roses trémières dans les ruelles médiévales, monastère opulent, effondré, reconstruit…

C’est un petit écrin, une ville de granit et d’eau, de fleurs et d’arbres, de pentes et de ponts. Quimperlé est ancienne, elle est mal dégrossie, c’est une rude campagne qui fleure bon les embruns.

Nul calcaire ici-bas, cette roche fine et souple qu’on dessine, qu’on ciselle, que les feux du soleil caressent et lèchent avec avidité. Ici c’est le granit la pierre souveraine. Rèche, rude, rugueuse, elle n’aime pas les caresses, elle accroche la lumière et l’enferme dans ses creux, dans ses rides de vieille dame.

La ville lui ressemble, rustique, brutale, de ces bourgs d’antans où mieux vaut s’arrimer quand approche la tempête. Tendons donc l’oreille pour y entendre encore le craquement des charrettes, les roues sur les pavés, le beuglement des gens dans les ruelles étroites bordées de colombages.

In Memoriam

La mémoire s’accroche, de ces tout petits riens qui s’effilochent dans l’océan d’une vie bien remplie… Les souvenirs s’étirent et nous reviennent sans rien qu’on leur demande.

C’est ainsi que m’apprêtant au départ en vacances m’accompagne comme chaque été une casquette bleue aux couleurs norvégiennes. Cadeau d’une autre vie, rappel d’un ancien couple d’une vie depuis longtemps oubliée.

Ainsi s’ouvrent les portes d’un passé qui n’est plus, il n’en fallait pas plus pour que l’histoire ne s’en mêle et que pêle-mêles ne se succèdent les images : Tallinn, Milan, Londres, Paris… Morcellements d’une amourette, rappels sans lendemain d’un ex nommé Damien.

Que devient-il ? Quelle vie a-t-il ? Aussitôt m’assaillent mille questions ; curiosité sans borne pour un être qui, un instant plus tôt, avait fuit mes pensées, qu’on croyait remisé dans une cave, un placard, un de ces endroits sombres que la mémoire nous offre pour faire un peu de place au futur qui défile et ne cesse chaque instant de repousser les murs.

La vie est bien étrange, en à peine 40 ans, l’impression d’en avoir vécu tant et tant, d’en avoir oublié pas mal. Et voilà qu’en à peine un soupir, s’ouvrent des armoires pleines de ces photos, gorgées jusqu’à plus faim des visages, des images, des sensations surannées…

Le coeur bat un peu plus vite puis se calme et contemple les années. Encore quelques chemins et cette sensation reviendra, familière, ce goût de doux amer d’un passé oublié.

Page 4 of 4

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén