fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Auteur/autrice : fchazal Page 3 of 4

Remonter le fleuve… épisode 1

Je ne saurais dater ses origines. Sans doute pas loin du départ de Papy, peut-être avant alors qu’il déclinait déjà… Mais l’inconscient a ses recoins caché que les sens seuls perçoivent et découvrent par petite touche.

Le plaisir de faire voyager, de présenter, de retourner aux origines, là où tout a commencé pour moi. Lors c’était en 2017 et j’accompagnais des amies américaines dans les champs de mon enfance.

Voilà l’indice semé sur mon chemin, petite pierre blanche qui me ramène toujours ici, dans ce pays de combes et de coteaux, de blés et de raisins…

Pour ma conscience, tout débuta cependant à la mi-Août. Une amie très chère, une voiture, la liberté et l’envie de profiter pour une semaine de la clémence des cieux, d’une accalmie de beau dans cet été pourri.

Alors la vie m’avait estropié en six mois de mes grand-mères. Dijon avait alors ce goût amer que mes pensées fuyait et n’approchaient qu’en rêves. La souffrance et le doute au cœur des souvenirs d’enfance.

Habitués aux longues balades au cœur du pays, il nous vint alors à l’idée de conjurer le sort et d’y aller passer une semaine et recouvrir le doux-amer par un peu de joie simple, de rires, d’amitié et de bons vins.

Ainsi débuta notre périple, un vendredi midi en gare de Noisy-le-Grand. La musique comme compagne de chemin, un ciel clément plein de promesse, nous entamions la route direction Vezelay !

Petite pensée pour Zofia, Alicia et Anne

Cotonneux oublié

Sous ses doigts ressentir sa peau, fermer les yeux et relâcher la vie qui s’accroche aux paupières. Se laisser flotter le long des rives et n’avoir de son corps que le bout de ses doigts, dix nuages qui m’effleurent et qui dansent.

N’être plus qu’une vapeur, qui s’étire, se relâche et laisse une douce torpeur prendre contrôle de ses frontières…

Souvenir d’un instant de volupté dans des plages de coton...

Folie des Grandeurs

Atlas, Titan, World, Cyprus, Ayia Napa, Water World

La danse commence doucement, on avance à pas lents. Reprendre ses marques est grisant, comme si elles n’avait jamais disparues, vestiges si récents d’un passé remisé le temps d’un petit somme. Les retrouver rassure, cajole une âme en peine, des sourires, des attentions, des mines concernées pour un bien être qui chancèle déjà…

Fébrile, on pose le pied et reprend sans mégarde les passages oubliés. La mélodie se presse, accélère sans mot dire, l’ivresse d’un renouveau confortant, rassurant. Les sujets fusent de part et d’autre, l’intellect s’en saisit, les digère, les amplifie et s’insère sans crainte dans un engagement de plus. Sitôt qu’on s’en étonne, il est déjà trop tard, englué à la toile d’une habitude trop ancrée…

Puis viennent les insomnies, le cerveau qui explose écrasé par la charge. Puis viennent les instants de folie où l’être rejette tout, où l’âme s’enfuit dans sa forêt des songes à l’abris de ce monde qui la broie sans raison. De l’air, du vent, du calme, rendez-moi le silence, l’abandon et l’oubli !

Car Je est l’ultime Ennemi…

Une vie de Chat

S’allonger pour la journée, sous la douce moiteur des couvertures. Se laisser porter par le calme ambiant et oublier l’espace de quelques heures le fracas de la vie, les questions, les envies…

L’avoir tout contre soi, cette boule de poil, déployée contre son flanc. Vrombissement de contentement, les yeux clos, le sourire au coin des babines. Il s’étend, se détend, se love contre la chaleur de son maître, se laisse plonger dans le néant, dans l’oubli du temps qui s’effile et ne laisse de son passage que ridules et inquiétudes.

Se laisser épouser pour la journée la couette et le matelas, yeux clos, un livre audio au oreilles, se laisser conter une vie d’imaginaire, un moment d’oubli qui s’étire et s’allonge à l’infini. Oublier tout, saoul de cette douce chaleur, relâcher tous ses muscles, relâcher tout son corps et sentir contre soi la petite boule de poils qui ronronne et s’oublie elle aussi à la beauté d’un instant, dans le moment qui se distend.

Reprendre enfin conscience, délaisser ces mesures d’instant et de moment, se revoir sans jugement. Se laisser le temps d’un songe, le droit de s’oublier et reprendre le présent, éternel jour du condamné…

Petits rituels oubliés

L’année fût une épreuve, chamboulant tout, renversant sur son passage, ces digues, ces rochers, ces petits rituels de rien posés là pour étayer mon psyché.

Oubliés les réveils matinaux, adieu le thé vert et bonjour au café fort pour faire lever les morts. Où est-il cet instant, ce moment quotidien où les pensées défilent, s’organisent, cette méditation active reprise de la veille, des actions, des idées qui me passent en tête et s’étalent sitôt sur les feuilles de papier ?

Le yoga s’est éteint, toutes ces choses qui m’aidaient, pschiit, ffffuit, plus rien tout s’est envolé me laissant sans armure, sans plus rien pour apaiser mon âme.

Prendre conscience, voir tout cela sans retenue, sans faux semblant et faire face, voilà le premier acte pour reprendre ces instants, ces minutes matinales égrainées dans le temps, ces morceaux de moi-même arrachés, oubliés qui m’appelle d’outre-tombe.

Et de reprendre les rituels, ces petites ritournelles qui jalonnent chaque journée et rappelle le beau, le bon, la joie, la gaieté dans un esprit chagrin.

Sancerre sur la Colline

Petit coin de verdure auprès de bons amis. Quelques pensées posées là, le long d’un si court week-end de l’ascension…

Colline à flan de côteau, les vignes en contrebas.
Le chateau surplombe les lieux et Sancerre à ses pieds.

Ruelles serpentines qui enserrent les hauteurs,
Sensations médiévales, vieilles pierres et église.

La Loire, vieille indolente se déploie au creux des vaux, elle est Reine ici bas.

Comme une autre Côté d’Or, sa terre ocre, ses fossiles et ses vignes qui s’enfilent colline après colline.

Le coin est valloné, les vins rouges charpentés et les blancs parfumés. Les verres défilent, les rires se déploient autant que les arômes, ne subsiste dans l’air que le goût doux amer d’un souvenir d’enfance, un morceau d’insouciance.

On oublie le temps qui file et se laisse reposer au creux des amitiés, dans la douce moiteur d’un crachin épisodique, dans cette tendre chaleur d’un soleil qui perce par les trouées.

Ce fut un beau moment… un de ceux qu’on aimerait arrêter pour le faire continuer !

L’abandon

Quelques sombres pensées jetées là pour les remiser hors de moi, pour jouer avec les mots sur un sujet glaçant. Tout va bien, pas d’inquiétude 🙂

Il est seul, il est tard,
Comme une ombre dans le noir.

Ce soir il partira,
Oublié par les siens.

Il fait sombre, il est tard,
Il est seul dans le noir.

Cette nuit il s’en ira,
Oublieux de ses liens.

L’abîme comme seul ami, l’oubli comme seul refuge.
Le gouffre avale ses joies, en étouffe les pleurs,
Et ne laisse derrière lui que silence et néant.

L’ami est oublié, nul refuge, nulle excuse,
Ne subsiste plus rien, ni les larmes, ni les peurs,
Ne résiste que l’oubli et l’appel du néant.

Adieu petite lame, écarlate qui perle et éclate dans l’ocre…

Demies lunes au soleil

Il fait beau, il fait chaud, petit tour de vélo dans un Paris éteint.

Se promener au gré du vent, passer Bastille, l’Arsenal, chemin faisant couper la Seine et voir paraitre au coin de l’oeil ces demie-lunes pleines de souvenirs, d’une époque presqu’oubliée d’un temps plus étudiant…

Alors bifurquer et prendre le long des berges, déposer son cheval de métal sur la rade de pierre et poser pour une heure ses pensées sur les flots. Un couple sur la terrasse, un morceau piazzolesque qui résonne sur fond d’écume, des danseurs de tango corps et âmes le long du fleuve…

Se plaire à les regarder, à apprivoiser cette danse, cette transe et ce rythme chaloupé qui appelle les pas, les hanches, tout son être. Alors voir s’attrouper peu à peu les quidams en passage sur les berges rappelant pour quelques instants les années oubliées.

Paris est une fête, de ces moments volés gravés sur l’escalier d’une berge isolée. Paris est fait d’instants à cueillir au plus vite, de ces baisers furtifs, privilèges intimistes à la douceur de pêche…

Ménil-Chantant…

L’église est là, impassible et massive. Elle attend sereinement l’arrivée des badauds qui se massent sur ses marches au soleil printanier. C’est de ces monuments qui marquent un quartier. De ces places d’autrefois où s’attroupent les locaux.

On s’assoie dans son ombre. On y parle, s’y retrouve, y échange un repas, un café, une cannette. On s’y pose en lumière, un gros livre à la main et laisse peu à peu dériver ses pensées dans l’air frais et l’oeil chaud d’un soleil bienveillant.

Alors commence la magie de ce quartier vivant qui cultive son histoire. Alors s’élèvent des chants qui sortent de sa torpeur le passant assis là, arrêté dans le temps d’une après-midi calme sur le chaud réconfort d’une pierre séculaire.

Les voix s’ajoutent au choeur, l’accordéon en fond et résonnent les airs d’un Paris d’autrefois. Le temps de quelques balades oubliées ressurgit du passé un quartier populaire, communard et fier.

S’enchainent les tubes de la belle époque, quelques chansons oubliées, certaines que l’oreille remet à peine. C’est alors qu’on reconnait le Temps des Cerises et se prend à fredonner cet air lent et triste avant que ne résonne sur les murs de l’église l’Internationale aux paroles plus martiales empruntes d’humanisme. La politique divise mais le chant nous rapproche par son universalisme…

Ce quartier, c’est le mien, c’est là où j’ai posé mes valises et me laisse emporter chaque jour dans les valses du temps.

Recommencer à zéro

Comme une hygiène de vie, comme ces marottes qu’on délaisse sans trop savoir pourquoi mais qui un jour nous manque sans autre raison que d’en sentir le manque auprès de soi, au fond de soi…

Alors reprendre la plume, la course d’un jet d’encre numérique sur un papier LCD, reprendre la marche et quitter l’espace d’un esprit trop encombré pour coucher par l’écrit l’ensemble de mes idées, l’espace de mes pensées.

Alors ressusciter les morts, les rappeler à soi, reprendre à incipio et poursuivre l’allée sous l’ombre des tilleuls, de ces odeurs familières qui forgent un caractère et laissent au creux de l’âme la sensation douce amère d’un souvenir d’enfance depuis longtemps envolé mais redonne au présent les rires du gosse idiot qu’on fût un jour.

Un moment de douceur sur un bord d’éphémère, voilà ce qui me manquait dans ce monde si bruyant, si fragile, si violent qui me broie… Alors je sauverai mon âme en la mettant ici bas dans ces capsules inertes !

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