
Indispensable, essentiel, sans lequel le soi s’efface, se dilue dans ce temps ennemi qui file aux quatre vents.
L’Autre nous ancre, nous arrime à la berge. Sa présence contrastante nous donne consistance, son existence rassure et affirme nos bases. Mais voilà, l’Autre m’effraie, son désir me torture.
Mon désir, je le sais, le sien m’est inconnu, quasi inaccessible car il faudrait user du langage pour oser le déchiffrer, et le langage trahit tout autant qu’il violente.
Exprimer son désir, tout ce qu’une éducation a tenté d’étouffer… Oser dire tout haut ses plus vils appétits, mettre à nu sa conscience envers ces inconnus plus prompts à juger qu’à déceler l’intertexte.
Le Verbe est insolent, il corrompt l’essentiel ; envahi d’un contexte qu’on n’a pas décidé, il se rue chez les autres, leur instille un propos, une pensée… sans nuance ni palabre !
Exprimer son désir, voilà un bel essai, un travail impossible tant il est tout noué. En son sein gisent l’envie, le fantasme et l’inavoué qu’on ne saurait penser.