Ils naissent d’un feulement léger, d’un simple courant d’air, d’une idée puis d’une autre, ils s’enchainent, se déchainent et m’emportent au loin dans leur danse insensée, dans une chaconne débridée où chacun appelle un autre et forment une suite qui jamais ne se tait.
Encore faut-il prendre garde à ne pas les brusquer, à les laisser filer sans les perdre ni les rompre, ne pas trop les serrer, juste l’espace, juste le temps, ce soupir, ce battement, ces petits bouts de rien qui régulent la chaîne et libèrent les phrases.
Mes textes sont indomptables, à chacun leur esprit, à chaque lettre son âme et mes doigts se déplacent pour en saisir la suite sans jamais n’y cerner ni début ni dessein. Alors, automate inspiré, je pose ces messages comme réceptacle des sens, dans l’oubli de l’essence.
Le ciel est bleu dehors, juste quelques moutons, un rai ocre dans le lointain alors que le train engouffre lieue après lieue, insatiable mangeur de rail qui zèbre la campagne d’un fuselage argent. Où est la poésie ? Elle est sur le faît des arbres que lèche une lueur du soir et en embrase la cime.
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