fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Mois : novembre 2023

Mes Textes

Ils naissent d’un feulement léger, d’un simple courant d’air, d’une idée puis d’une autre, ils s’enchainent, se déchainent et m’emportent au loin dans leur danse insensée, dans une chaconne débridée où chacun appelle un autre et forment une suite qui jamais ne se tait.

Encore faut-il prendre garde à ne pas les brusquer, à les laisser filer sans les perdre ni les rompre, ne pas trop les serrer, juste l’espace, juste le temps, ce soupir, ce battement, ces petits bouts de rien qui régulent la chaîne et libèrent les phrases.

Mes textes sont indomptables, à chacun leur esprit, à chaque lettre son âme et mes doigts se déplacent pour en saisir la suite sans jamais n’y cerner ni début ni dessein. Alors, automate inspiré, je pose ces messages comme réceptacle des sens, dans l’oubli de l’essence.

Le ciel est bleu dehors, juste quelques moutons, un rai ocre dans le lointain alors que le train engouffre lieue après lieue, insatiable mangeur de rail qui zèbre la campagne d’un fuselage argent. Où est la poésie ? Elle est sur le faît des arbres que lèche une lueur du soir et en embrase la cime.

Equilibrium

La dissociation est totale, l’ennemi et l’ami tous deux réunis.

On allume la lumière et se voit dans le miroir, informe bibendum aux rondeurs exécrées. Mens Sana in Corpore Sano qu’ils disaient dans l’ancien temps… Où cela a-t-il déconné ?

D’aussi loin qu’il m’en souvienne (Barbara 🫶), il fut autre, véhicule mal-aimé à un cerveau trop plein. Ce compagnon de route qu’on accepte malgré soi, boulet du quotidien sans beauté, sans laideur. Non, de ceux qui ne dérangent pas, qu’on oublie dans un coin sans trop s’en soucier.

Mon corps était l’ennemi. Que dis-je il l’est encore et alors que les années l’amènent à ses limites, il devient un danger. L’heure n’est plus à l’oubli, l’innocence a coulé, il va falloir plonger.

Déjà aux booms je ne dansais pas, incapable de maîtriser mes gestes, d’appréhender le monde avec la subtilité dont mon esprit était capable. Seuls mes doigts, agiles et boudinés était alors aptes à agripper ce monde et en jouer la partition. Il me fallu choisir, piano ou ordinateur, ce fut aux silicium qu’abondèrent les fées.

Sur-investir le cérébral, voilà le drame, voilà l’erreur mais comment penser autrement dans une famille où seules les études comptent ? Comment appréhender sa vie sous un jour plus … équilibré ?

Quarante années se sont effilochées dans le vent et le corps a flanché et le corps va crever à ne rien y changer… La dissociation est profonde, elle date de trop longtemps, il faudra bien de l’amour pour les réconcilier.

À peindre l’un comme ami et l’autre ennemi, on n’existe jamais vraiment… tension abyssale entre deux rives incapables de s’aimer soi-même.

Alors il va nous falloir reprendre le chemin… avec force et courage !
INCIPIO ITER, fortitudo constantiaque

La Bascule

Un lecteur averti en vaut deux… c’est sombre !

On ne se réveille pas un jour en se disant qu’hier était un jour meilleur. C’est bien plus pernicieux que cela et les jours défilent, les années s’enfilent sans conscience de l’inéluctable…

La vie est belle du haut de ses vingt ans, les excès, les abus, les nuits blanches, tout cela passe, s’efface sans trace. Les mauvaises habitudes sont déjà bien ancrées, aux excès des anciens on préfère les alcool légers, les liqueurs bien sucrées et petit à petit c’est ainsi que le corps flanche.

On se retrouve un jour à voir la taille enfler, les kilos s’ajouter. Les résultats sanguins moins bons, les crises de foie plus grave, plus régulières. Dans une bonne mesure apparaissent les calculs et leurs crises atroces qu’on en vient à craindre le moment où sortir de son chez soi.

Rien de bien folichon dira-t-on à cela, la médecine a vu bien pire et grandir c’est souffrir dans une certaine mesure. Le corps s’étiole et on ne découvre pas grand chose à cela.

Alors la trentaine s’égraine, et à force de relativisme on l’aborde sans peine. Les relations se font plus denses, on évoque l’avenir chacun bien conscient que l’âge est venu de construire. Déjà les réseaux ne bruissent plus pour nos jolis minois, ils sont fatigués ces minois, pas encore ridés mais bien fatigués des excès qu’on a fait sans s’en douter à vouloir profiter sans raison, sans savoir.

La bouée est installée, elle enveloppe les tripes, la rate, le foie. L’estomac a calé voici quelques années. Au stress de la ville d’ajoute celui des responsabilités du travail. Ô le choix était mien et tout cela me convient en quelque sorte, répond à mes démons, à mes désirs d’utilité. Mais cela me détruit et les espoirs dérisoires de changer se heurtent sur les rochers d’un quotidien, des habitudes bien ancrées qui en appellent au sucre comme d’aucun à la drogue.

On approche de la quarantaine sans guère de certitude, on y va à tâtons, parfois même à reculons… Les soucis s’accumulent, le foie est presque mort, l’alcool n’y est pour rien quarante ans d’hérésie et d’une société qui ne désire pas notre bien-être si.

Les réseaux se sont tu, les amitiés sont lointaines, le monde reste joli comme une fin de film en bordure de lagune. Clap !

Le film n’est pas fini mais les années sont rudes qui s’ouvrent devant soi...

Meditation 2 – Je suis l’inamovible

Cela commence de bon matin. On allume la bougie, s’assoit seul face à ce gouffre de lumière, se détend

Je suis l’inamovible, l’immortel, l’infini, celui qui plonge à l’horizon, celui qui grimpe à perdre haleine.

Je suis ce mont inexpugnable, ce Yama d’humanité et mes pensées s’y plongent et retombent sur ses flancs.

Je suis enfin, je suis ! Un instant de présent, un moment, dix minutes, le temps de reprendre le souffle de mes pensées, de mes idées, de qui je suis.

Je suis l’inamovible, l’imputrescible, celui qui est, celui qui fut, celui qui dure. Etrangeté de l’âme de se retrouver happé par cette image si inhumaine…

Méditation matinale

Reprendre l’habitude de ces moments de pause, de calme, d’apaisement

Je suis la colline, le mont venteux autour duquel s’accrochent les vents, les pensées.

Picotement des doigts posés sur les genoux, la flamme emplit ma vue, le feu apaise mon âme. Chancelant, je danse au vent. Mes pensées sont posées, calmées, apaisées.

Mais je ne peux construire, créer, devenir dans cet environnement où je ne sais où aller, que faire, les murs sont en papier, le calme qu’une apparence, fragile moment de paix sur un mont chahuté. L’équilibre est précaire, effort de chaque instant, pause agile dans l’air d’un temps qui s’étend, se déforme et menace chaque instant d’emporter avec lui la sculpture immobile.

Cairn humain, mobile de Calder, je ploie, souffre, me déforme, m’adapte et me déploie. Le changement doit être, la vie doit s’imposer et porter avec elle un souffle, une espérance.

Avançons, doucement, à pas feutrés, avançons et dans le vent, dessinons avec nos corps des volutes de fumée, des instants d’éternité.

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